C.S. POE

10 octobre 1881

Le trch, trch, trch des cylindres rotatifs de la mitrailleuse Gatling avait été mon unique avertissement avant que la fusillade ne commence. Les balles transpercèrent la façade blanchie par le soleil du saloon derrière moi, et une pluie d’éclats de bois tomba comme une averse inattendue dans le désert. Je m’accrochai à mon chapeau melon, plongeai derrière un chariot proche et me réfugiai contre la roue. Ce n’était pas le meilleur refuge qui soit, mais j’avais désespérément besoin d’une demi-seconde pour reprendre mes esprits. Je venais d’entrer à Shallow Grave en Arizona, et je n’avais même pas encore montré mon badge qu’on me tirait déjà dessus.

Je tirai sur mes lunettes de voyage cerclées de fer aux verres fumés et les fis tomber accidentellement alors qu’une autre salve de tirs commençait. Des vitres se brisèrent, le cri d’une femme résonna dans une vitrine quelque part à ma droite, et à mesure que les balles s’enfonçaient dans l’argile, la terre rouge brûlée autour de moi se transformait en minuscules tempêtes de poussière.

Je soulevai le bandeau et les récepteurs auditifs de mon dispositif de communication personnel de mon cou et les remis en place. Je levai le transducteur portatif, saisis un code sur les boutons en laiton qui me mettrait en contact avec mon directeur à New York, et attendis que la douce voix de ténor de Loren Moore réponde.

Mais rien ne se produisit.

Je réessayai.

Pas même un bruit d’interférence.

— Envoyez Gillian dans l’Ouest, dis-je sur un ton ironique.

Je tentai une dernière fois de le contacter, mais en vain.

— Milo Ferguson n’aura aucune chance contre lui. Bien sûr que non. Mais l’absence totale d’équipements de base et de technologie ?

Encore des coups de feu, et je grimaçai avant de me glisser plus loin en essayant de me transformer en la plus petite cible possible.

— Gillian va adorer ça.

 

Je descendis l’élastique pour le remettre autour de mon cou, puis roulai sur le ventre pour regarder sous le chariot.

Il y eut un crépitement soudain dans l’atmosphère : le bruit du déclenchement de la magie de l’éther. Mes bras frissonnèrent à cette sensation, et je reconnus la nature de ce sort.

Artificiel.

Illégal.

Non de la magie invoquée par un lanceur de sorts comme moi, mais par une arme matérielle utilisée par quelqu’un qui en avait les moyens.

 

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